Betteraves Les planteurs mécontents des prix d’acompte
Après Tereos hier, c’est aujourd’hui Saint Louis Sucre, filiale française de Südzucker, et Cristal Union qui sont montrés du doigt pour les « niveaux inadmissibles et incompréhensibles » des acomptes versés concernant les betteraves au 31 mars pour la campagne de 2018.
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Dans un communiqué paru ce 2 avril 2019, la CGB, Confédération générale des planteurs de betteraves, de la Picardie, l’Ile-de-France, l’Eure, le Calvados, la Sarthe et l’Orne, ont précisé que cet acompte est de 13,50 €/t à 16° (pour les betteraves contractées de base, hors pulpe), « soit un deuxième acompte se limitant à +1 €/t. Le premier versement de décembre était en effet de 12,50 €/t.»
« Cela donne un prix SZ 4 (prix moyen de vente du sucre vrac par Südzucker en France, Belgique, en Allemagne et en Pologne) de 13,92 €/t à 16° forfait collet zéro et hors pulpes, commente la CGB. Ou l’équivalent de 14,97 € sur la base d’un forfait collet de 7 %). »
Pour les syndicats betteraviers, « ce prix SZ 4 traduit dans la grille d’équivalence prix du sucre/prix de la betterave de nos contrats Saint Louis Sucre, ressortirait à 263 €/t de sucre alors que l’observatoire des prix européens ressort à 305 €/t en moyenne au dernier trimestre de 2018 ! C’est une véritable tromperie ! »
« Pour faire fuir les planteurs » ?
Et de poursuivre : « C’est à se demander où Saint Louis Sucre vend son sucre, et surtout quand ! C’est aussi à se demander s’il ne s’agit pas d’une façon de faire fuir les planteurs et justifier ainsi la fermeture des usines (lire l’encadré). »
Pour la CGB, le supplément de prix annoncé par le groupe sucrier en juin pour combler l’écart en incluant les indemnités de campagne est une « fourberie de plus ». « Même s’il est de 2 ou 3 €/t, le compte n’y sera pas », estime Benoit Carton, directeur de la CGB Normandie, déplorant des trésoreries « dramatiques » chez certains producteurs qui ont un « compte négatif », c’est-à-dire qu’ils doivent de l’argent à Saint Louis Sucre.
« Situation de rupture »
« Nous sommes proches d’une situation de rupture. Un tel mépris du fabricant de sucre renforce et justifie toute notre détermination à travailler pour un véritable avenir de notre production », tempêtent les syndicats betteraviers regrettant que la betterave serve « de variable d’ajustement ».
Du côté de chez Cristal Union, la CGB regrette que le sucrier soit revenu il y a un an « sur ses engagements de prix. Pour les betteraves qui sont en train d’être semées, les contrats ne comportent toujours pas d’indication sur les modalités de leur rémunération laissant les agriculteurs dans l’inconnu. »
Au total, la CGB chiffre des versements en repli « a minima de 500 €/ha ». « Au-delà de la crise sans précédent que traverse le marché du sucre, c’est le révélateur de pratiques contractuelles qui doivent être revues pour permettre aux agriculteurs de pouvoir gérer leur exploitation et continuer à cultiver de la betterave en confiance avec leur groupe sucrier », juge le syndicat. Pour lui, « à court terme, l’urgence porte sur la trésorerie des exploitations. Au-delà, se pose la question des leviers pour une contractualisation plus robuste et de l’utilité d’un véritable contrat type bâti et reconnu au niveau interprofessionnel. »
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